« La culpabilité s’appuie sur un sentiment d’omnipotence illusoire », Jacques Salomé.
Nombreux sont ceux qui souffrent de ce sentiment qui ne les quitte jamais. Attention, la culpabilité dont nous voulons montrer du doigt n’est pas celle qui est justifiée et qui provient d’une faute réelle, autrement dit d’un acte préjudiciable pour autrui. La culpabilité dont nous faisons procès est celle qui est crée par notre imaginaire. On l’appelle la culpabilité morbide.
On a l’impression- à tort- que cette culpabilité nous fait agir comme nous le devons, qu’elle nous montre le bon chemin à prendre pour « réparer » ce que nous pensons être une faute grave. Ce type de culpabilité nous rend malheureusement boulimique du non-respect de soi, car les décisions prises pour avoir bonne conscience ne respectent en rien ni nos besoins, ni nos envies, encore moins nos valeurs.
Il est vrai aussi que la personne qui se culpabilise est généralement en contact avec une personne culpabilisante.
Exemple typique : Vous n’êtes pas revenu chez vous à l’heure et votre conjoint s’est inquiété de votre léger retard car vous ne l’avez pas prévenu. Votre conjoint vous blâme sévèrement pour votre manque d’empathie et vous culpabilisez. Ce qu’il faut savoir c’est que le sentiment de culpabilité naît par rapport à une réaction émotionnelle de l’Autre. Certes, vous êtes arrivé en retard (on parle d’un retard raisonnable qui est souvent dû au caractère imprévisible de la vie). Mais vous ne devez en aucune manière jouer le jeu du culpabilisateur. Car souvent, les réactions disproportionnées de l’Autre (et par conséquent les reproches qui s’en suivent) sont la manifestation de leurs démons à eux, c’est à dire une peur enfouie, un manque de confiance en soi. Ce qui est préférable de faire c’est de rassurer la personne, mais pas de ressentir de la culpabilité.
Laura AndreolettiLes réactions disproportionnées de l’Autre sont la manifestation de leurs propres démons
Mais l’analyse ne s’arrête pas là. Et c’est peut être l’argument qui – pour ceux qui ne vivent qu’à travers ce sentiment de culpabilité quoi qu’ils décident- donnera un électrochoc !
On a tort de penser que les personnes qui se culpabilisent sont des personnes altruistes et empathiques. Au contraire, bien que cela ne soit pas conscient, cette culpabilité souligne un trait de caractère ambigu. En réalité, penser que tout ce qui arrive à l’autre est de notre faute, c’est penser que l’autre est dépendant de nous, qu’il n’a aucun libre arbitre et qu’il n’a aucune autre façon de prendre sa vie en main. En se culpabilisant, on infantilise son prochain et on se fait passer pour le héro doté de super pouvoirs qui serait le seul à pouvoir résoudre les problèmes. La culpabilité morbide est donc une forme d’égocentrisme enrobée d’un sentiment d’hyperpuissance sur les autres. Pas de quoi se vanter, n’est-ce pas ?
Dire par exemple : « c’est à cause de moi qu’il est malheureux », c’est croire inconsciemment que cette personne ne pourra jamais être heureuse sans moi ! Quelle arrogance ! Votre compagnon est en réalité responsable à 100 % de ce qui lui arrive car il a décidé de rester dans cette situation. Nous sommes le seul capitaine à bord de notre bonheur ou malheur.
Ne sous-estimons pas notre liberté d’actions. La nier c’est mourir un peu plus chaque jour.